Concepts utilisés depuis plusieurs années dans le domaine des relations internationales, le soft power, et le hard power, son alter ego, permettent d'analyser les composantes de la puissance d'un État.
Le soft power (« puissance douce ») désigne la puissance d'influence, de persuasion. Il s'agit de la capacité pour un acteur (un État, par exemple) d'influencer le comportement d'autres acteurs par des moyens non coercitifs et intangibles. Les éléments du soft power regroupent essentiellement les moyens idéologiques et culturels.
2. DÉFINITION ET ORIGINE
Relations internationales : capacité d’influence, de puissance, de persuasion d’un
Etat, d’une société multinationale, d’un groupe auprès d’autres acteurs, à l’aide de
moyens non coercitifs, sans contraintes quelconques.
Concept développé par Joseph Nye, professeur américain de Relations
Internationales, en 1990, dans son livre "Bound to Lead", en réaction notamment à
l’historien Paul Kennedy qui annonçait le déclin de l'influence des Etats-Unis en
matière de géopolitique après la fin de la Guerre Froide : “Co-opt people rather than
coerce them”
S’oppose au hard power = puissance coercitive classique (conflit armé, diplomatie,
pression économique..)
3. RESSORTS DU SOFT POWER
Le pouvoir de persuasion d’un État peut être bâti sur :
● Son image, sa réputation
● Son prestige, son attractivité (migrants, étudiants étrangers, chercheurs…)
● Ses performances économiques
● Sa communication (langue, publicité)
● Son mode de vie (“american way of life”)
● Rayonnement des idées, idéologie (médias, lobbying, think tank)
● Diffusion technologie
● Place des organisations internationales
● Aide internationale
4. LES SOURCES DU SOFT POWER
Joseph Nye identifie 3 catégories. Exemple des Etats-Unis :
● La culture d’élite et la culture populaire. La culture populaire est très certainement celle qui met
les Etats-Unis la plus en valeur sur la scène internationale.
● Les valeurs politiques et les politiques publiques. Même si elle souffre d’imperfection, il n'en
reste pas moins que la démocratie institutionnelle américaine est la plus ancienne du monde.
Suite à la seconde guerre mondiale, l’aide américaine dans la reconstruction des pays d’Europe a
été perçue comme une intervention salutaire et a contribué à l’image de générosité du peuple
américain.
Toutefois, ces mêmes ressorts du soft power peuvent contribuer à dégrader l’image d’un pays. Ainsi, la
ségrégation raciale, la peine de mort ou encore le lobby des armes (NRA) ternissent particulièrement
l’image des Etats-Unis. Son indifférence et son désengagement face aux questions environnementales,
sa politique en matière de conflit israélo-arabe ou de Cours pénale internationale ont favorisé, à
l’étranger, l’émergence d’une image dommageable d’”unilatéralisme”.
5. LES AUTRES FORCES DU SOFT POWER
Joseph Nye a tendance à sous-estimer l’impact des forces sociétales, autres
que celles qui émanent du soft-power de l’Etat. Il faut également prendre en
compte l’impact à l’étranger des “sources de la puissances américaines”, de
nature scientifique, technologique, médiatique et universitaire. Il ressort des
sondages d’opinion dans différentes régions du monde que les Etats-Unis sont
admirés pour leurs réalisations techniques et scientifiques, le rayonnement de
ses universités et de son enseignement supérieur.
La synergie de toutes ses forces a d’ailleurs contribué à cimenter l’anglais
comme langue universelle.
6. LA STRATÉGIE DE PUISSANCE AU XXIe SIÈCLE
Depuis la fin du XXe siècle, la puissance d’un Etat revêt des formes plurielles à
travers les canaux du soft power tels que la culture mondialisée et les
ressources, exceptées énergétiques. Désormais, la puissance et la stratégie
d’influence d’un Etat se définissent de plus en plus par la bonne utilisation de
ses ressources et de ses vecteurs d’influence, elles ne peuvent donc pas se
résumer à leur seule possession : en effet «trop de puissance, en termes de
ressources, peut être une malédiction plus qu'un bénéfice, si cela mène à une
confiance excessive et des stratégies inappropriées de conversion de la
puissance» (Joseph Nye).
7. LA STRATÉGIE DE PUISSANCE AU XXIe SIÈCLE
En tant qu’acteur d’influence mondiale, les Etat-Unis doivent définir une véritable
stratégie capable d’englober et d’épouser l’ensemble de ses vecteurs de
puissance. Il est ainsi nécessaire d’entretenir les alliances bilatérales ou
multilatérales, de maîtriser les organisations régionales et internationales et de
développer la coopération, voire la copétition, a contrario d’un engagement
solitaire sur la scène internationale.
8. LA STRATÉGIE DE PUISSANCE AU XXIe SIÈCLE
Pointée du doigt comme une faiblesse des Etats-Unis, la question de l’immigration pourrait
pourtant constituer un ressort important du soft power américain, en mettant en avant la
mixité culturelle et en favorisant la propagation de l’american dream auprès des
populations démunies.
Suite à l’invasion de l’Irak et, plus récemment, à la décision d’acter Jérusalem comme
capitale d’Israël, les Etats-Unis souffrent d’une mauvaise image dans l’opinion mondiale.
Ses mesures protectionnistes de plus en plus agressives et son apparente indifférence aux
réactions et aux intérêt de ses alliés traditionnels ne contribuent pas améliorer son image
sur la scène internationale. Selon ces critiques, il s’en suivrait alors une crise de légitimité
dans l’exercice de sa puissance.